Afratapem – Lettre d’infos – Avril 2022
Edito
Et si l’Art était aussi bon pour mon corps que pour ma tête ? On utilise souvent en parlant de l’Art des qualificatifs qui permettent de s’exprimer, d’extérioriser ses pulsions, de symboliser ses idées… Et si l’on regardait une autre voie : celle de l’implication de notre corps dans cette activité d’expression, celle de notre physiologie.
Au-delà de nos connaissances, de nos compétences mnésiques, de notre imagination et de notre créativité, notre corps entre en jeu de manière fondamentale dans l’activité artistique ce qui permet une implication globale de notre être : physique, émotionnelle, affective, mentale, sociale et spirituelle.
C’est par notre corps que nous nous ouvrons au monde extérieur grâce à nos sens, et grâce à notre motricité nous pouvons nous déplacer et interagir avec lui. Nous apprenons parce que nous voyons, nous sentons, nous goûtons, nous touchons, etc. Pas de connaissance sans passer par le filtre de nos capteurs sensoriels auxquels s’ajoute le filtre de notre perception. Tout le monde se développe sur le plan biologique, c’est le fondement même de la vie.
Chaque fois que nous apprenons quelque chose, nous créons des connexions synaptiques. C’est le grand principe de la plasticité cérébrale. Quand nous intégrons une information nouvelle, cela se traduit par un influx nerveux qui circule entre nos neurones ; plus ce circuit est sollicité plus la connexion est fluide, des autoroutes neuronales se créent et mieux nous enregistrons l’information.
Notre corps possède aussi son propre savoir ! Nous n’avons pas besoin de réfléchir pour respirer, réguler notre température…. Tellement de choses sont inscrites dans notre ADN. Comme le décrit si bien l’astrophysicien Hubert Reeves, nous sommes des poussières d’étoiles, des poussières qui se sont organisées en molécules d’ADN. C ’est le mystère de la vie qui nous dépasse.
Notre corps peut même anticiper le mécanisme de la pensée. Notre corps peut ainsi réagir avant que nous ayons décidé consciemment de bouger. Notre corps anticipe notre intention, il perçoit ce qui va se produire et réagit.
C’est par une mise en pratique concrète que nous vivons de nouvelles expériences et nos cinq sens sont en attente permanente d’informations provenant du monde extérieur. Tout ce que nous voyons, ressentons, crée un afflux d’informations dans notre cerveau. En renforçant les expériences, et par la synthèse et la sécrétion de nombreux éléments neurochimiques, on enrichit l’émergence des émotions, c’est en cela que peut s’activer le circuit de la récompense à l’origine du plaisir et de l’appréciation qualitative de nos expériences. Nos fonctions cognitives en permettent une analyse par la pensée et nos connaissances intellectuelles, mais l’expérience sensorielle est avant tout issue de réactions biologiques en chaîne.
Et si nous faisons les mêmes expériences, les mêmes gestes régulièrement, nous ancrons les réseaux neuronaux et renforçons leur activation.
L’Art va impliquer nos sens, il s’agit du pouvoir éducatif de l’Art. L’Art va entraîner votre corps moteur, il s’agit du pouvoir d’entraînement de l’Art (observez comme il peut être difficile de ne pas bouger, taper des mains, ou marquer le rythme à l’écoute d’une musique entraînante !).
Ce que nous pensons, ce que nous ressentons, ce que nous faisons crée notre singularité.
Pour s’épanouir, il ne suffit pas d’avoir une connaissance mentale des choses, mais de passer par l’expérience concrète en incarnant des propositions cohérentes entre ce que l’on pense et ce que l’on vit.
Un artiste sait exprimer la beauté, il recherche souvent ce qui est source d’émerveillement, il partage sa vision avec le reste du monde, et utilise son potentiel créatif.
L’art-thérapeute en art-thérapie moderne est celui qui va permettre à la personne en souffrance d’éprouver ses sensations grâce à des expériences artistiques, révéler ses ressentis pour pouvoir exprimer sa singularité et assumer sa présence au monde. Il ne cherche pas à former un artiste mais il permet à la personne en souffrance de s’exprimer en passant par le corps et les ressentis éprouvés. Elle peut ainsi elle aussi partager sa vision du monde. C’est à partir de là que la personne pose une intention propre issue de ses impressions et qu’elle peut transformer en expression. La personne devient actrice dans le monde et ne se contente plus de le subir, elle active son potentiel créatif et peut s’impliquer dans ses choix de vie. C’est en passant par l’expérience ressentie, assumée, qu’elle est invitée à faire ses propres propositions et à se donner le droit d’être, d’exister pour ce qu’elle est et faire évoluer ses représentations.
Tous les types d’expressions ont le droit d’exister, chacun a le droit d‘exprimer sa singularité dans le respect du cadre social. Ce qui compte ce n’est pas que tout le monde apprécie ou fasse la même chose mais la diversité de ces expressions. C’est aussi ce qui fait la richesse de notre monde. Nous participons ainsi au foisonnement créatif du vivant et cela peut donner du sens et un sens à la vie. Cela nourrit notre qualité existentielle et nous la ressentons au plus profond de nous, dans notre corps.
L’Afratapem vous invite à questionner lors de conférences gratuites pendant ses portes ouvertes le lien entre Art et Santé, et la place du corps au cœur de la pratique artistique.
L’école vous propose aussi de venir découvrir votre potentiel au travers de nombreux ateliers artistiques. Venez ressentir dans chacune de vos cellules le plaisir de l’expérience artistique partagée ! Au sommaire dans les prochaines semaines : conte, musique, chant, peinture, écriture, calligraphie,… et bien sur l’école continue de proposer ses formations pour devenir intervenant en atelier artistique et/ou art-thérapeute.
Nous serons ravis de vous accueillir pour partager notre vision artistique et humaniste du monde, et utiliser notre potentiel créatif au service du vivant.
A bientôt!
L’équipe administrative et pédagogique