Covid- 19 – Les art-thérapeutes se mobilisent
TEMOIGNAGES – Extraits

Apports de l’art-thérapie auprès des personnes en période de confinement
Adaptation des interventions art-thérapeutiques aux mesures barrières

Femmes victimes de violences, mariages forcés, excision
Isabelle Kanor – Art-thérapeute certifiée Afratapem RNCP 
La Maison d’Ella / Les Orchidées Rouges (regroupant exclusivement des femmes originaires d’Afrique Noire)

• Témoignage – extrait

  L’art-thérapie redonne aux femmes en souffrance la possibilité d’exprimer leur subjectivité par le style de leur propre langage et  donne à leur environnement une autre lecture de ce qu’elles sont. Elles peuvent s’affranchir du traumatisme vécu comme socle identitaire.
  En période de confinement, les femmes souffrent d’anxiété car se trouvent confrontées à une  nouvelle forme de privation de liberté et prises en otage de la violence quand elles la vivent encore au quotidien. Il s’agit alors, par l’art-thérapie, d’ouvrir une fenêtre sur l’avenir proche en stimulant l’imagination et en favorisant ainsi la projection vers des possibilités, l’espoir d’être transporté au bel avant du monde. L’art-thérapie permet de diminuer le sentiment d’abandon en maintenant un lien absolu avec le monde extérieur, support du processus de création.

  Les séances ont lieu par téléphone (temps de rendez-vous d’une 20aine de minutes / semaine). Je les ai organisées autour de l’écriture et de la lecture. Chaque séance commence par le Chant du vent à deux voix mettant en scène uniquement le souffle, permettant de mettre le corps en posture de détente.  J’ai proposé aux femmes un dispositif d’écriture individuelle sur Le dehors vu du dedans et sur Le monde d’après. Les textes sont écrits au fur et à mesure durant ou après  la séance. Ils seront repris sous une autre forme collective après le confinement. L’idée d’écrire à plusieurs sur un même sujet favorise le maintien du lien, le sentiment d’appartenance au groupe et stimule la projection. Pour certaines, je lis simplement des contes et des textes poétiques. Ces lectures favorisent l’apaisement.
    

Personnes âgées – Service de Psychiatrie et d’Addictologie et DSSSLD
Laurent Samson
Art-thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Tours
à l’hôpital

• Témoignage – extrait

  Personnes âgées : Avant le confinement, j’ai mis en place des séances individuelles (durée des séances : 30 mns) de musicothérapie à destination des personnes âgées en chambre, que j’ai repris cette semaine.
  L’objectif principal est de favoriser la communication par le langage pour rompre l’isolement social provoqué par le confinement. Je maintiens également les objectifs secondaires (stimuler le raisonnement, la concentration, l’intégration de nouvelles informations – Chanter des chansons anciennes et nouvelles – Susciter le plaisir et l’expression des émotions) et en particulier la sollicitation des différents types de mémoires sur des périodes de leur vie. En début de séance, j’évalue l’impact du Covid-19 dans leur quotidien et également leur niveau du stress dû à cette situation inédite. Les patients peuvent choisir le type de musique qu’ils souhaitent (chansons françaises, classiques…). En fin de séance, je leur demande de me donner leur ressenti sur le moment passé. J’interviens en chambre avec masque et équipement de protection. Respect des mesures barrières : La distance doit d’être d’au moins un mètre.
  Les premiers éléments qui apparaissent : ils ne sont pas inquiets pour eux du Covid-19 mais pour leurs proches.  Depuis cette semaine,  certains revendiquent l’envie de voir leurs proches (ils n’ont pas peur de mourir) car la distance sociale commence à leur « peser ».
  L’évaluation de l’apport de séance de musicothérapie est cotée de manière très positive et tous souhaiteraient en avoir plusieurs par semaine.

  Dans le secteur de la psychiatrie addictologie : Je vais prendre en charge les patients en séance individuelle dans un premier temps en prise en charge par Skype online. Ce choix a été validé ce matin avec le médecin responsable de l’unité. Dans les semaines à venir, je vais adapter le contenu de mes séances pour assurer un suivi auprès des patients anorexiques, patients ayant un trouble de l’usage de l’alcool pour maintenir un travail sur les émotions dû à la crise sanitaire.

Jeunes handicapés moteurs
Audroné Lopez
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours
Institut d’Education Motrice

• Témoignage – extrait

  Une partie des professionnels de l’IEM Charlemagne de la MFCVL est mobilisée pour assurer la prise en charge l’accompagnement d’un groupe de jeunes handicapés moteurs confinés, particulièrement vulnérables. Je fais partie de l’équipe qui travaille sur le terrain. Ma mission nécessite de faire preuve de capacité d’adaptation aux modifications d’horaires, au nouveau rythme de travail, à trouver une cohésion avec l’équipe, à aider certains de mes patients à accepter ma nouvelle mission, à changer de mode de communication avec les familles, à intégrer les nouveaux gestes de soin et les gestes barrières ainsi qu’à prendre des nouveaux repères en très peu de temps.

Personnes atteintes de cancer
Fabrice Chardon
Art-thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Tours
à l’hôpital

• Témoignage – extrait

  Auprès des patients hospitalisés en oncologie médicale, le travail en art-thérapie pendant le confinement a pour objectifs de renforcer l’engagement dans le suivi médical et le maintien d’une thymie stable.
  Le plan blanc activé au sein des établissements hospitaliers, les visites et les liens avec les proches sont très limités. Dans ce contexte, de nombreux PAS sont proposés aux patients et à leur proches (à distance) pour maintenir une activité artistique commune et le partage d’une émotion esthétique.

  Les séances ont lieu en présentiel avec les mesures barrières obligatoires en milieu hospitalier (blouse, masque) et si possible du matériel à usage unique. Pour les suivis des proches, mise en place de séances en visio et envoi des travaux via les supports numériques (sms, mail, etc…)

Personnes anxiodépressives
Jérôme Lacinga
Art-thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Tours
en cabinet

• Témoignage – extrait

  Période de confinement oblige, il n’est plus possible de recevoir les patients au cabinet. Comment leur apporter une continuité des soins dans ce cadre ? Il a fallu user de stratégies et notamment développer des séances en Visio consultations en passant par des applications pouvant garantir une certaine confidentialité, telles que WhatsApp ou Skype.

  Anne Laure est une patiente que j’accompagne depuis 3 ans maintenant à domicile. Le jour du rendez-vous a été maintenu par WhatsApp. Grâce à l’application, Anne Laure a pu poursuivre son travail plastique (la représentation picturale d’une fleur). Le rendez-vous s’est passé comme à son habitude, et il m’était possible d’intervenir et d’accompagner Anne Laure dans son travail. L’approche a plutôt plu à Anne Laure qui projette déjà d’autres séances sur ce modèle.
  Lorine, patiente de 18 ans expose une symptomatologie anxiodépressive. Seulement 3 séances avaient eu lieu avant le confinement, et très vite elle a trouvé dans la pratique artistique un moyen de s’exprimer, se soulager de ses maux, mais aussi se relaxer et moins ruminer.
  Lors du confinement, elle a demandé à sa mère de lui acheter un cahier de coloriage pour maintenir une activité artistique chez elle et quotidiennement, lui permettant ainsi de traverser cette période plus sereinement. Nous avons pu en rediscuter et poursuivre certains travaux en visio par la suite.

Addictologie
Marie Laure Bonnin
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours
CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie)

• Témoignage – extrait

  Je travaille  en CSAPA avec des malades alcooliques. J’ai trois ateliers en groupe, avec support marionnette, écriture et support libre. J’ai donc proposé aux patients qui le souhaitaient de récupérer un « kit d’expression picturale ou littéraire » intitulé « le Semeur de mots » et le » Semeur d’images ».

  J’ai réalisé un carnet fait de différentes feuilles pour l’expression avec des propositions – sous enveloppes – dirigées ou libres, ainsi qu’une liste de sites culturels et artistiques en ligne (ex : expositions virtuelles, opéras rediffusés etc.). L’idée est que les patients puissent piocher une proposition quand ils ressentent le besoin de créer, afin qu’ils ne se retrouvent pas seuls face à une page blanche, sans idées. Puis, une fois par semaine ou tous les 15 jours, je fais un point avec eux, afin de connaitre leurs ressentis etc. pendant le temps de création.

  Un échange par mail s’est également mis en place : certains patients ont souhaité recevoir les propositions du Semeur de mots ou d’images par mail. Ce système leur permet également de me transmettre leurs productions picturales, qui sert ensuite d’appui à nos échanges téléphoniques.

Enfants souffrant de troubles du développement
Carine Levoyer
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Poitiers
IES (Institut de développement sensoriel) – CMP (Centre médical et pédagogique)

• Témoignage – extrait

  Depuis l’année dernière, ma pratique d’art-thérapeute a nettement évolué puisque suite à de nombreuses demandes de professionnels de santé locaux (psychologue, orthophoniste), de parents et de certains enseignants, j’ai ouvert de nouveaux créneaux horaires pour des prises charge individuelles en art-thérapie à des enfants souffrants de troubles du développement (autisme, troubles de l’attention, troubles émotionnels…), des prises en charge collectives pour des groupes d’enfants sourds de l’IES Gatinot et le CMP de Varennes Jarcy m’a demandé en Novembre dernier de créer un atelier d’art-thérapie à dominantes arts plastiques dans leurs locaux où j’interviens depuis, une journée par semaine auprès d’adolescents souffrants de maladies chroniques (diabète, obésité, douloureux, maladies génétiques).

  Ce confinement m’a conduite à faire évoluer nos propositions auprès de nos patients puisque mon atelier est fermé. J’ai donc mis l’accent sur la préservation du lien avec les familles en utilisant les outils numériques. Le journal Facebook (ateliermagiquemontgeron) de l’atelier, créé initialement pour informer les parents et mettre en ligne les dessins des enfants qui en font la demande, est, depuis le début du confinement, un outil précieux de relation où je poste très régulièrement des propositions pour que les enfants qui le souhaitent continuent leur pratique artistique et où je leur permets de montrer ce qu’ils dessinent chez eux s’ils le souhaitent.

  Pour les enfants qui sont suivi individuellement en art-thérapie, les parents me contactent par téléphone ou SMS quand leur enfant est en souffrance et me mettent en lien avec lui. A la demande d’une maman, j’ai fait, exceptionnellement, cette semaine une séance en visio-conférence avec une petite fille de 7 ans, dont je connaissais déjà l’anamnèse, qui souffraient de terreurs nocturnes envahissantes avant le début du confinement et qui se sont intensifiées depuis.

  Un journal Facebook mis en place à la création de l’Atelier magique il y a 3 ans permet en cette période de distanciation le maintien du lien entre l’art-thérapeute, les enfants, parents et professionnels de santé ainsi que la permanence des rituels du cadre thérapeutique (atelier, thème proposé par semaine). Les enfants continuent de dessiner chez eux, de faire des maquettes, accompagnés de leurs parents, sur les thèmes proposés par l’art-thérapeute chaque semaine, et envoient une photo de leur production qui est mise en ligne s’ils le souhaitent.
    

Personnes avec des troubles mentaux
Angélique Franchaud
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Poitiers
Clinique psychiatrique

• Témoignage – extrait

  Afin de situer mon propos dans le contexte institutionnel, je travaille dans une clinique psychiatrique au sein de laquelle les mesures barrières ont progressivement été mises en place, auprès d’une population qui a parfois des difficultés à les respecter. La « distance de sécurité » est notamment peu observée par les patients, qui continuent à se rassembler spontanément.
  L’adaptation aux mesures barrière a été ma première préoccupation. Il a d’ailleurs été bien difficile de se rassurer sur ce point tant les recommandations ont été fréquentes et variables en début de confinement.
  Pour commencer, je propose uniquement des séances individuelles, à dominante arts plastiques, ma pratique habituelle étant plutôt orientée vers les groupes. Il s’agit d’une mesure bénéfique pour les patients, qui me permet également de redonner tout son sens au plan d’accompagnement de soins. Les sollicitations et la stimulation sont plus opérantes dans ce contexte. Les bénéfices des séances individuelles pourraient d’ailleurs faire l’objet d’une communication à part entière. La plus grande contrainte concerne la « distance de sécurité », qui est loin d’être une distance favorisant le maintien d’une relation thérapeutique bienveillante. La dimension éducative de l’art-thérapie est également bien plus présente, avec une attention particulière portée à l’hygiène dans le cadre de la pratique des arts plastiques.
  Afin que mes patients puissent continuer à profiter des bienfaits de la contemplation entre les séances, je leur propose une petite liste d’applications permettant d’accéder gratuitement à l’art. Concernant cette contemplation virtuelle, le principal frein reste l’accès à internet par le réseau mobile, pas toujours optimal…
  Pour encourager les patients à dessiner en autonomie, j’ai également lancé, par le biais d’affiches, le défi « un dessin par jour pendant le confinement », avec une proposition technique ou thématique plus détaillée par semaine. La participation à ce défi est difficile à évaluer du fait de l’impossibilité à réunir physiquement les personnes autour de cette proposition.
  Pour faire face au nombre de demandes habituellement important, les échanges pluridisciplinaires se sont révélés encore plus importants. Et la priorité donnée aux troubles majeurs de l’expression et de la communication a été encore mieux comprise par tous (patients et soignants).
  Les apports de l’art-thérapie pendant cette période de confinement mériteraient d’être évalués spécifiquement. Bien sûr, ils restent les mêmes qu’avant sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes accompagnées et la contribution à la consolidation d’une dynamique propre à favoriser l’autonomie. Cependant, plus que d’habitude, l’art-thérapie permet de maintenir des repères importants et émotionnellement positifs, dans des semaines désormais bien vides (les visites et permissions ne sont plus autorisées).
  Nul doute que cette période difficile aura permis de tester de nouveaux outils, dont certains sont perfectibles mais pourront désormais avoir toute leur place dans ma pratique.

Personnes handicapées
Philippe Sardo
Art-thérapeute diplômé de la Faculté de Médecine de Poitiers
en cabinet  et  Institut thérapeutique éducatif et pédagogique

• Témoignage – extrait

  Dans cette période de confinement l’art-thérapie progresse, ce sont les patients qui la font évoluer. Plus que de savoir ce que l’art-thérapie leur apporte il faut comprendre ce que les patients en attendent et donc nous apportent en cette période. En libéral les problématiques relationnelles et les accordages parentaux ou familiaux laisse la place à une désorganisation du besoin d’appartenance. En institution, la mise en confinement d’un Itep (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique) par exemple et le retour au domicile des enfants ne permet plus de poursuivre les échanges, mais demande de garder un lien avec les équipes et l’institution. Dès lors les possibilités s’orientent vers la communication à support informatique. L’outil, avec lesquels il faut s’adapter, nous montre la relation, la proximité, les jeux du verbal du non-verbal et du hors verbal, autrement.  Notre  vision de l’ensemble de la personne, le cadre de sécurité que nous avions élaboré, doit se réinventer. Dans la pratique, l’art-plastique est partiellement exploitable dans ces conditions. On s’aperçoit que reste surtout la communication qui devient un vecteur de la relation art-thérapeutique.

  Le respect des mesures barrières s’entend donc au-delà de la distance sanitaire et implique une adaptation et une réflexion qui se poursuivra au-delà de cette période de confinement. Lors d’échanges par Skype proposés aux patients du libéral, j’ai pu voir, un frère aîné, un chien de la famille, un bout de jardin, inscrits dans le champ de la caméra et donc dans mon champ thérapeutique. Dès lors la confidentialité de nos échanges, le regard d’un membre de la famille sur un dessin que nous sommes en train de faire ou sur la technique exploitée par mon patient, trouble la pratique telle que je l’ai exploitée depuis 12 ans.

Personnes atteintes de maladie chronique
Christel Letessier
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours
en cabinet

• Témoignage – extrait

  Je maintiens le lien par des groupes de discussion, et des échanges sms, ou visioconférence.Je propose essentiellement des stratégies utilisant la contemplation comme élément déclencheur pour encourager les personnes à réaliser des productions en toute autonomie.
  J’invite ensuite au partage sur un groupe de discussion qui permet à chacun de s’encourager et se féliciter les uns les autres. Le « traitement mondain » est donc beaucoup plus exploité qu’habituellement.
  Les personnes m’envoient des productions et j’adapte mes remarques comme en séance en fonction du besoin que j’identifie : apport technique, encouragement, valorisation… par rapport à notre objectif de soin.
  Cela reste très difficile pour certains publics n’ayant peu ou pas accès aux moyens informatiques ou avec des difficultés de communication trop importantes.
  Le rapport à l’intimité et au secret professionnel est aussi plus compliqué dans un environnement confiné avec la proximité familiale.

   
  

Adolescents souffrant de difficultés psychologiques
Leïla Muller Lovato
Art-thérapeute certifiée Afratapem RNCP
DITEP (Dispositif Institut thérapeutique éducatif et pédagogique)

• Témoignage – extrait

  Nous sommes en train de mettre en place un accompagnement à distance pour des adolescents. J’ai rédigé un document à l’intention de l’équipe pluridisciplinaire, en particulier les éducateurs, et de ma hiérarchie, expliquant comment cet accompagnement peut se mettre en place, à quels besoins spécifiques il peut contribuer à répondre.
  Il a fallu un mois pour que cette démarche émerge dans l’équipe, le temps que les nouvelles dispositions liées au confinement soient effectives et que les besoins apparaissent.

  L’éducateur référent, un autre soignant, ou un autre professionnel de l’équipe pluridisciplinaire, identifie les besoins des adolescents et propose l’orientation de certains en art-thérapie.
  Il s’agit prioritairement d’adolescents que je suis en temps normal ou que j’ai déjà suivis, mais on se réserve la possibilité de faire entrer dans ces accompagnements des adolescents que je n’ai encore jamais suivis.
  Un premier entretien téléphonique avec l’adolescent et/ou ses parents permet de mettre en place un protocole adapté et de mesurer le degré de disponibilité du patient, voire de motivation. L’activité proposée pourra ou non associer la famille. Un échange de ressources artistiques ou en lien avec l’activité (document sonore, vidéo, photo, reproduction d’œuvres, écrit…) via courriel sera également proposé. Une fiche de liaison à l’intention de l’équipe sera tenue.

  Si certains accompagnements se mettent en place pour plusieurs séances, je tenterai d’évaluer cette expérience au fur et à mesure dans la fiche d’observation et en autoévaluation avec les patients.

Milieu muséal
Pascaline Bonnave
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Lille
Musée des Beaux Arts

• Témoignage – extrait

  Pour répondre au mail reçu concernant l’art-thérapie en cette période de crise sanitaire, j’ai mis en place des ateliers en ligne sur le site du palais des Beaux-arts et également visible sur leur instagram et cela dès le début du confinement.

Personnes âgées – Enfants avec handicaps mentaux
Carole Meaudre
Art-thérapeute certifiée Afratapem RNCP
EHPAD – IME (Institut médico-éducatif)

• Témoignage – extrait

  Actuellement l’IME n’accueille plus les enfants, confinés chez eux ou dans leur famille d’accueil. Toutefois un lien est organisé par les éducateurs et les instituteurs qui communiquent avec eux. L’équipe de soin reste en lien avec les enseignants et éducateurs.

  Mes prises en charge en art-thérapie sont interrompues mais je participe à la réunion hebdomadaire avec mes collègues de l’équipe de soin, réunion que nous maintenons en visio conférence. De plus nous échangeons entre nous très régulièrement par mail ou téléphone. Le travail pluridisciplinaire se poursuit donc.

  J’ai proposé de maintenir le contact avec les enfants en leur proposant une activité artistique à réaliser chez eux et d’envoyer le résultat par une photo, pour ceux qui le souhaitent. Ces activités seront bien sur non obligatoires et proposées pendant les vacances afin que les enfants et leur famille gardent un contact avec l’institution au travers de l’équipe de soin pendant cette période.

  Il a été décidé d’offrir ces activités à l’ensemble des enfants et de ne pas privilégier ceux que je prenais en charge avant le confinement. En effet, nombreux sont ceux qui vivent difficilement cette période, déstabilisés par la perte de leurs repères et faisant face à une augmentation d’anxiété, émanant parfois du contexte familial lui-même mis à mal. Ces activités artistiques ont pour but de maintenir l’étayage nécessaire à ce jeune public et de ne pas rompre le lien et la confiance établis.

  En ce qui concerne mon intervention à l’EHPAD, elle se poursuit, dans le respect des gestes barrières, autant que faire se peut avec ce public. Des modifications ont été apportées: port de la tenue des professionnels de soin, port du masque chirurgical, prise de température en arrivant. A ce jour, aucun résident ni personnel n’est atteint du Covid-19.

  Les résidents étant la plupart du temps confinés dans leur chambre, les prises en charge s’adaptent et se font maintenant dans les chambres. Certaines activités artistiques sont plus difficiles à mettre en place en raison de l’exiguïté de la pièce et de la table; le matériel est réduit et simplifié mais permet toutefois la possibilité de choisir entre divers matériaux d’arts plastiques, et de se faire plaisir! Les  outils sont nettoyés entre chaque séance. Je maintiens les prises en charge habituelles, et à la demande de la cadre de soin j’interviens également auprès d’autres résidents particulièrement anxieux ou déprimés par l’absence de visite de leur famille et le confinement. Ces séances permettent aux résidents de garder un lien social, un espace d’expression et une occupation, garant du maintien d’une bonne saveur. Certaines séances sont effectuées sur la terrasse à l’air libre, pour le plus grand plaisir des résidents.

  En espérant que cette situation anxiogène s’améliore rapidement, nous continuons à prendre soin des plus fragiles, en étant créatifs et optimistes.

Personnes avec des troubles de l’humeur et du comportement
Gaëla Lemoine-Dalgliesh
Art-thérapeute certifiée Afratapem RNCP

• Témoignage – extrait

  Impact bénéfique d’ateliers sur l’anxiété: CT 5′ et/ou 6 et SA 3-4 => 7-8. Stratégie: 1-2 => 5-6 et 5’ pour fluidifier le 3-4. Le choix du 1 est important car si il y a trop d’anxiété, l’entrée dans l’atelier est difficile et je prévois plusieurs propositions et une possibilité de contemplation seule suivie d’une auto-évaluation. La stratégie vise à ce que l’objet rayonne suffisamment en 2 pour provoquer le 5 puis le 6 pour créer une boucle de renforcement sur le 3-4 et apaiser les peurs. (ref Opération artistique – R. Forestier – Le métier d’art-thérapeute – Ed. Favre)

  Par visio, téléphone, ateliers courts 20 à 40 minutes en individuel ou petit groupe, 1 thème par séance : Arts plastiques et écriture (dessins, coloriage, peinture) : adaptation de la « Rich Picture » en analyse systémique, adaptation calligraphie japonaise avec respiration méditative. Plus à venir : séances terre, collage de plantes pressées, etc.

  
  

Enfants souffrant de troubles du développement
Béatrice Martin
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours
En libéral

• Témoignage – extrait

  Les séances sont réalisées en téléconsultation. Le champ d’observation kinesthésique est réduit (image tronquée). En revanche, plusieurs avantages sont apparus : ne pas rompre le lien thérapeutique, mobiliser toutes ressources du lieu personnel de vie, soutenir l’adaptation et réduire un stress éventuel… Ex : Inès, 9 ans, sécurisation-confiance / problème de sommeil.

Personnes âgées
Chloé Nespoulet
Art-thérapeute certifiée Afratapem RNCP et diplômée de la Faculté de Médecine de Grenoble
EHPAD 

• Témoignage – extrait

  Mon activité d’art-thérapeute s’est un peu orientée vers des ateliers en mini-comité (3 à 5 résident.e.s) axés sur du chant, de la respiration, de la relaxation…

  Mon objectif est de maintenir un lien social à minima (car nous ne sommes pas encore totalement confinés en résidence autonomie), favoriser la prise d’initiative des résidents (et leurs estime d’eux-mêmes) : propositions d’écoutes, de chants, d’activités, rédactions de poèmes, etc.

  La plus grande souffrance du moment est l’isolement due à l’absence des familles.
  Les ateliers  « à visés thérapeutique » sont axés sur les objectifs suivants : Plaisir et envie (chant) /Baisse de l’anxiété (relaxation) / Prises d’initiatives (écoute musicale et entraide) / Maintien de la qualité de vie – en s’appuyant sur le merveilleux…

  Nous avons limité à 5 le nombre de résident(e)s par atelier afin de garder des distances de sécurité entre chacun(e).
  A l’entrée et à la sortie de chaque séance, on demande aux résident.e.s de se laver les mains au gel hydroalcoolique à disposition. Les chaises sont nettoyées avec un produit adapté avant et après chaque atelier. Aération des salles durant 15 minutes entre chaque atelier.
  Présence individuelle auprès des résidents confinés. Ecoute active et accompagnement (beaucoup de pleurs et de peurs en cette période)

  J’ai également mis en place avec l’équipe de direction un système de visio pour que les résidents qui le souhaitent ou qui en ont besoin puissent communiquer par vidéo hebdomadairement avec leurs proches.

Personnes handicapées
Nathalie Cirino
Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours
ITEP (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique) – IME (Institut médico-éducatif)

• Témoignage – extrait

  L’importance de l’art dans cette période a été une évidence pour mes employeurs quand je leur ai rappelé. Je m’étais portée volontaire pour faire des ateliers auprès des personnes handicapées d’autres établissements puisque ceux auprès desquels je travaille étaient fermés ou n’accueillaient qu’en internat.

  Concrètement, ils ont préféré pour le moment que je reste en télétravail compte tenu des consignes de l’ARS,  et afin d’éviter  la multiplication des intervenants et du manque de matériel de protection.
  J’ai été notamment  sollicitée pour proposer des activités artistiques à la maison, ce qui ne relève pas de l’art thérapie. En effet, j’ai pu constater ainsi que mes collègues que, sans le lien, les personnes ne se sont pas vraiment emparées des projets même s’ils étaient tout à fait adaptés…

  Je suis actuellement dans la rédaction de la partie art-thérapie du projet d’établissement d’une des structures où je travaille et la construction d’un site internet pour l’autre établissement (ITEP et IME) en lien avec une collègue.
  Je continue de proposer des petits défis artistiques pour laisser une place à l’imagination,  au rêve,  à la poésie et à la couleur. Mais pas tout le monde n’est pas équipé pour la couleur….

  On nous a demandé de réfléchir comment faire, dans les circonstances actuelles, pour mener une intervention thérapeutique,  éducative ou pédagogique à distance et pour enrichir l’offre de service. Cette question reste pour le moment ouverte même si nous faisons du mieux que nous pouvons.
  Mon témoignage est pour signifier l’importance de la relation et du lien dans l’art-thérapie.